Quelle idée saugrenue !
Voyons, monsieur le Président ! Qui a pu vous souffler cette idée saugrenue de vous exposer trois heures durant il y a quelques jours devant les caméras de TF1 ?
Car, soyez juste.
En dehors du moment d'émotion que vous avez ressenti, comme nous, en écoutant Charles Biétry vous dire qu'atteint de la maladie de Charcot il souhaitait pour lui et les siens qu'on lui laisse la liberté de choisir sa fin de vie. En dehors des mots forts et justes avec lesquels vous lui avez répondu.
En dehors aussi de vos mots sur Gaza et de votre discussion avec Darius Rochebin sur la politique étrangère sujet sur lesquels, comme souvent, vous avez été bon.
En dehors donc de cela, quoi d'autre, pour justifier ces heures interminables face à des contradicteurs qui étaient venus pour vous crucifier ?
Était-ce à vous de disputer avec la secrétaire générale de la CGT à laquelle vous avez fait, par parenthèse, l'honneur et le plaisir d'avoir été choisie à la place de celle de la CFDT, pourtant bien plus constructive et représentative ?
Était-ce à vous d'engager une stérile bataille de chiffres avec la présidente d'un "think-tank" libéral au demeurant honorable ?
Était-ce à vous de débattre des amendes forfaitaires et des caméras dans les villes avec le maire de Béziers qui, il y a peu, était "zemmourien" ?
Oui, qui a pu vous suggérer cette idée saugrenue ? Et comment avez-vous pu vous laisser séduire ?
A moins qu'elle ne vous soit arrivée seule et que vous vous soyez dit: "la manoeuvre est habile, ils ne feront pas le poids, c'est l'occasion de reprendre la main."
N'avez-vous donc pas grandi ?
Car il ne le fallait pas, évidemment.
Vos contradicteurs ont été bons. Préparés à punir et pouvant vous interrompre à l'envi comme dans un préau d'école lors d'une campagne pour les élections départementales, leur tâche était aisée.
À TF1 ce soir là, ce n'était pas votre place.
Vous n'avez pas de premier ministre, me direz-vous, c'est vrai.
Est-ce une raison d'abimer votre fonction ?
Voyez-vous monsieur le Président, vous entendant je me suis dit une fois encore:
Quelle mécanique intellectuelle !
Quel brio !
Et puis, je me suis rappelé Cioran cité par Philippe Labro dans "J'irai nager dans plus de rivières":
"Est bavardage toute conversation avec quelqu'un qui n'a pas souffert."
Je me demande si ce n'est pas votre problème, monsieur le Président, et par là-même le nôtre.